Passionné de vulgarisation scientifique, Léo Briand a créé Vittascience, une plateforme pour rendre accessible et ludique la programmation aux collégiens et lycéens. Comment ça s’écrit bravo en Python ?

Il y a quelques années, quand ses camarades d’études rêvaient de construire des avions à hydrogène ou d’envoyer des fusées sur Jupiter, Léo se voyait en Fred et Jamy de l’émission C’est pas sorcier. L’ingénieur triplement diplômé (ISAE Supaéro, UC Berkeley, Polytechnique) a toujours eu la même passion : faire des sciences un objet intéressant. « Lorsque j’étais à Supaéro, j’ai découvert le dispositif d’égalité des chances « OSE l’ISAE-SUPAERO » pour permettre aux collégiens et lycéens issus de quartiers prioritaires et de territoires ruraux isolés d’accéder aux études supérieures. Les étudiants de mon école pouvaient accompagner bénévolement ces jeunes, c’est ce que j’ai fait. Je me suis découvert une vraie passion : enseigner les sciences autrement. »

Montgolfière et station météo

Pour explorer cette voie tout en poursuivant ses études, Léo imagine une plateforme pour que tous les étudiants de France et de Navarre puissent aller dans les classes faire du tutorat. «Je me suis rapidement rendu compte de la difficulté du modèle économique du projet, j’ai abandonné l’idée. » Le même pas trentenaire poursuit dans cette direction en développant un système de kits scientifiques envoyés aux enseignants. L’objectif ? Qu’ils puissent enseigner les sciences autrement et en toute autonomie grâce à un objet concret. « Le premier produit proposé aux classes était une montgolfière en kit avec une station météo. Les élèves devaient la construire, la programmer et la faire décoller. » 600 ballons de 4 mètres de diamètre ont ainsi volé au-dessus des cours de récré. Il n’y avait ni coq, ni canard, ni mouton dans les nacelles mais le modèle perdure encore aujourd’hui.

Avec cette première expérience, Léo prend conscience que plus que les histoires de poussée d’Archimède ou d’hydrogène, ce qui fascine les élèves c’est la partie programmation de la montgolfière car l’approche proposée est aussi ludique qu’accessible. En 2019, il choisit de se focaliser là-dessus et de concevoir une plateforme en ligne pour que les enseignants et les élèves puissent facilement programmer. Le timing est parfait. 2019 est l’année de la réforme du lycée qui fait entrer officiellement l’informatique dans les programmes et fait grimper le temps qui y est consacré de 1% du temps scolaire à près de 10% ! « C’était une bonne intuition parce que les profs ont dû vraiment se préparer à enseigner la programmation à large échelle. »

Guichet unique de la programmation

Vittascience est aujourd’hui une plateforme en ligne qui propose plusieurs niveaux de programmation. Chacun correspond à une étape de l’apprentissage de la discipline, du CM1 à la terminale. « L’outil s’adapte du primaire au lycée, grâce à la traduction d’un langage par bloc comme Scratch (niveau primaire et collège) à un langage textuel comme Python (niveau lycée), explique Léo avec pédagogie. La force de cet outil, c’est qu’on voit les blocs, le code et la visualisation. » L’intérêt est aussi de rassembler sur un même site toutes les interfaces utilisées dans la programmation : Arduino, BBC micro:bit, Python, QuickPi et j’en passe. « Les élèves et les professeurs peuvent programmer sur Vittascience tout ce dont ils ont besoin. »

La plateforme compatible avec tous les usages scolaires a vite convaincu l’Éducation nationale de son utilité. Le ministère a décidé de soutenir Vittascience grâce au dispositif Édu-up, des éditeurs scolaires comme Hatier proposent des prolongements sur Vittascience pour exécuter les programmes présentés dans les manuels. Pas étonnant dans ce contexte que le succès ait été aussi fort que rapide. « Je suis très content de travailler avec l’Éducation nationale, se réjouit Léo, même si c’est moins facile que de vendre des services à des parents. Mais on propose une vraie égalité de traitement et je suis resté fidèle à mon envie de départ de démocratiser les sciences. Étant donné que peu d’entreprises s’intéressent aux besoins des enseignants, on arrive à apporter un vent de fraîcheur dans l’éducation. On a créé  de l’innovation là où il n’y en avait pas trop. Avec 5 à 10 000 professeurs actifs sur la plateforme et près de 50 000 utilisateurs mensuels, j’ai l’impression d’avoir vraiment de l’impact.»

À l’avenir, Vittascience qui est accompagné par l’accélérateur passerelles de la Banque des Territoires opéré par makesense, aimerait devenir la plateforme de référence pour l’enseignement de la programmation en France mais aussi se développer à l’international. C’est plutôt bien parti ! L’entreprise qui a déjà reçu de nombreux prix et distinctions est désormais lauréate des territoires numériques éducatifs (TNE), un dispositif du gouvernement pour introduire le numérique à l’école. Vittascience n’est plus une montgolfière, c’est devenu une fusée !

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